Un site préhistorique à la Quina, en Charente

Commune de Gardes-le-Pontaroux, Charente.

Quelle est sa localisation ?

Au nord-est de Villebois-Lavalette, on observe des falaises calcaires bordant la vallée du Voultron, un ruisseau sous-affluent de la Dordogne.

Elles sont faites d’un calcaire datant de 87 à 88 millions d’années [ étage du Coniacien, dans le Crétacé supérieur ]. La partie inférieure, moins dure que la partie supérieure, a subi une altération plus marquée lors des périodes glaciaires de l’ère Quaternaire, il y a moins d’1,65 MA (millions d’années). Des abris sous roche se sont ainsi formés sous des corniches bordant la vallée du Voultron.
Le Champignon de Gardes-Les-Pontaroux est un exemple de cette altération du calcaire.

On retrouve aussi ce type d’abris sous roche dans les petites vallées au sud d’Angoulême (vallées des Eaux claires, de la Charrau, de la Boëme). Des hommes et des femmes préhistoriques ont vécu dans ce type de lieu.

En longeant le Voultron depuis le Peyrat en allant vers Le Pontaroux, on passe par le site dit de la Quina (commune de Gardes-de-Pontaroux en Charente).

Localisation du site à l’aide google earth

Quel est l’historique de ce site ?

Un site archéologique a été découvert à la Quina, à la fin du XIXe siècle par M. Chauvet. Au début du XXe siècle, le docteur Léon Henri-Martin y effectua des fouilles, puis sa fille Germaine prit le relais de 1950 à 1975.

Le site fouillé est un dépôt de pied de falaise, dans la vallée du Voultron. Des sédiments (blocs, sables, argiles) se sont accumulés dans un abri sous roche, transportés par le cours d’eau, ou tombant de cette falaise. Ces dépôts ont une épaisseur totale d’environ 7 mètres, sur une centaine de mètres de long.

Sur cette photographie on distingue une partie de la station étudiée (site interdit au public, et propriété du Ministère de la culture depuis 1975). Derrière cette végétation se trouvent ces dépôts, en haut on distingue une partie de la falaise.

La famille Henri-Martin avait installé son laboratoire dans un logis au Peyrat (village de la commune de Blanzaguets-Saint-Cybard).

De nouvelles études ont eu lieu de 1995 à 1990 sous la direction de d’A. Débénath et A.-J. Jelinek, puis de 1994 à 1998 par V. Dujardin.

Quelles découvertes y ont été faites ?

En 1911 fut trouvé le squelette de la "femme de la Quina", puis en 1916 le crâne d’un enfant. Ils appartiennent au groupe des néandertaliens (homo sapiens neandertalensis). D’autres ossements du même groupe ont été mis à jour par la suite.

Enfant Néanderthal, par Vugluskr at en.wikipedia [Public domain ou Public domain] de Wikimedia Commons
Neanderthal child

Des outils en pierre, os, ivoire ont été récoltés. Il y a de nombreux racloirs et des retouchoirs (outils pour retoucher un support afin de le transformer en un nouvel outil). Dans les couches plus récentes, on note la présence de sagaies à base fendue, ciseaux, poinçons.

Os à impression et éraillures, dont une des fonctions possibles est le « poussoir » (afin de pousser une aiguille)
Par Didier Descouens (Travail personnel)
[CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons
Os à Impression MHNT PRE 2009.0.206.3 Noir

Racloir convergent sur éclat. Différentes vues du même spécimen. Voir la page pour l’auteur [CC-BY-SA-3.0], via Wikimedia Commons
Racloir MHNT PRE 2009.0.206.2 Fond

La faune associée présente différentes espèces fossiles : rennes, bisons, chevaux, chevreuils, blaireaux, bouquetins, loups, ours des cavernes, hyènes des cavernes...

L’étude des grains de pollen indique une flore composée seulement de 5% d’arbres (Pins, Aulnes, Noisetiers, Bouleaux, Chênes pédonculés, famille du Cyprès).

Les datations des couches dégagées au pied de cette falaise, indiquent des dates allant de 32 000 à 53 000 ans +/- 5000 ans. La période correspondante est le Paléolithique (moyen et supérieur).

Comment les scientifiques ont-ils interprété ces données ?

Les scientifiques ont ainsi pu reconstituer le paysage de l’époque. C’était un milieu ouvert, le climat était de type glaciaire (avec des alternances de périodes plus ou moins froides).

Ces homo sapiens neandertalensis étaient des chasseurs, vivant dans la dernière période glaciaire appelée "le Würm" (qui s’est terminée il y a 10 000 ans). Selon l’abondance de certains fossiles, les scientifiques ont établi qu’ils chassaient principalement le bison et le renne.

Ce ne sont pas des homo sapiens sapiens comme nous. Ce ne sont pas nos ancêtres... Ils ont disparu progressivement d’Europe, leur dernier fossile datant de 24 000 ans (dernière trace dans une grotte à Gibraltar).

Comment utiliser ce type d’informations pour reconstituer un paysage de l’époque et la vie de ces néandertaliens ?

Voici de très belles illustrations d’Emmanuel Roudier pour l’exposition "Première Humanité" au Musée National de Préhistoire des Eyzies. Images reproduites avec l’aimable autorisation de l’auteur. Monsieur Roudier est auteur des bandes-dessinées NEANDERTAL et VO’HOUNÂ. Vous pouvez aussi suivre son actualité sur http://roudier-neandertal.blogspot.com/